Je suis né au Japon

Que la découverte d’une culture si différente de la nôtre rende plus tolérante la relative certitude de nos valeurs.

Je suis né au Japon

Je suis né au Japon

Après avoir réalisé pendant 6 mois le tour du Japon à vélo, Pierre et Régine ont vécu 6 ans au Pays de Soleil Levant où ils ont eu deux enfants. L’auteur s’est inspiré de leurs premières années de vie pour écrire ce nouveau récit de voyage : « Je suis né au Japon »
En accompagnant l’auteur dans le tour du Japon à vélo, on rit parfois de bon cœur de ses mésaventures qui mettent en évidence le décalage saisissant qui peut exister entre des cultures et des modes de pensée différentes. Mais le comique flirte souvent avec l’absurde et le lecteur chemine sur la frontière incertaine qui sépare la fiction de la réalité. Le texte, sous sa forme apparemment simple et anecdotique, nous entraîne progressivement dans les mécanismes complexes et vertigineux de la pensée collective.
L’ouvrage esquisse un portrait sur des comportements et un mode de pensée qui étonnent et déconcertent. L’auteur pose un regard candide sur la civilisation japonaise en contant des anecdotes pleines de fraîcheur et d’humour qui s’apparentent le plus souvent à une satire très réaliste.

Que la découverte d'une culture si différente de la nôtre rende plus tolérante la relative certitude de nos valeurs.

Pierre Devaux

Extrait de "Je suis né au Japon"

Au Japon, on entrait parfois dans un W.C. comme dans le sanctuaire d’un temple. Le chœur, composé d’un éden de verdure, était animé par des jeux de lumière qui rendaient les couleurs plus douces, plus apaisantes, plus sensuelles aussi. Mais le jardin idyllique ne renfermait ni pommier, ni serpent perfide. De petits oiseaux invisibles gazouillaient des mélodies innocentes qui vous invitaient à vous détendre et à prendre position sur le trône où régnait le tabernacle-ordinateur, destiné à prendre en charge tous vos besoins : lavage, shampooing, rinçage (l’essorage demeure encore un programme à haut risque) et, bien sûr, le séchage. Très perfectionniste dans le détail, il composait même le murmure du ruisseau afin d’étouffer le glouglou impudique que nous émettions en assouvissant nos vénérables besoins transcendantaux…

 

Cependant, même les plus beaux W.C. du monde n’offraient pas toujours une expérience aussi euphorique. Papa se souviendra toujours de cet hiver 93 où il m’avait emmené dans un grand magasin de Tokyo. Il cherchait désespérément des toilettes et un employé avait eu la gentillesse de le conduire jusqu’à la frontière de ce royaume intime. Le design futuriste et l’impressionnant tableau de bord du W.C. laissaient supposer que nous étions certainement en présence de l’un des tous derniers modèles dont le prix devait dépasser les 4500 €.

 

Un peu intimidé, papa s’était confortablement installé sur son trône luxueux et commençait à satisfaire un besoin légitime et pressant. Tout à coup, la chaleur diffusée dans le couvercle du siège, jusqu’alors fort douce et agréable, s’éleva brusquement pour atteindre la limite du supportable. Poussé par un réflexe de survie tout à fait compréhensible, papa souleva vivement son auguste postérieur pour échapper à la fournaise. Mais à ce moment précis, les jets de lavage, surgissant de l’intérieur de la cuvette, se mirent en action et arrosèrent généreusement slip et pantalon. Sous l’impulsion d’un mouvement d’autodéfense, d’ailleurs certainement très mal adapté, il se rassit aussitôt pour colmater l’inondation. Hélas, dans sa précipitation, il prit maladroitement appui sur le tableau de bord, ce qui déclencha la panique totale au niveau du cerveau électronique déjà affecté par une surchauffe anormale. Ce fut le branle-bas de combat : lances à jets d’eau, souffleries, aspirations, grondements caverneux, sifflements hystériques… le tout accompagné d’une épaisse fumée qui empestait le roussi. S’agissait-il en fait d’une nouvelle technologie d’incinération d’excréments ? 

 

Devant l’ampleur du cataclysme, papa hésitait entre la fuite et la curiosité d’assister à l’apocalypse du plus beau W.C. du monde. Il demeurait fasciné par le couvercle sur lequel il s’était posé avec tant d’aise et qui venait de se transformer en une énorme crêpe boursouflée. Il imagina avec stupeur ses tendres hémisphères calcinées dans cet étau diabolique…

—  Le plus beau W.C. du monde

Pierre Devaux

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Chaque mot que j’inscris est pensé pour vous — lecteur curieux, voyageur dans l’âme, ou simplement humain parmi les autres. Que ce soit notre tour du monde à vélo, notre vie au Japon, ou cette traversée intérieure plus sombre racontée dans La Samouraï de Dieu, je serai heureux d’y ajouter une trace personnelle.